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Censure de Barnier : les 8 sujets qui font hésiter le RN à sauter le pas

Censurer ou non ? Le dilemme du gouvernement Barnier

Le destin de Michel Barnier et de son gouvernement repose sur les épaules du Rassemblement National (RN), alors que le Nouveau Front Populaire a déjà décidé de censurer l’exécutif. Si les députés du RN apportent leurs voix, cela suffira à renverser le gouvernement Barnier dans le cadre des motions de censure qui se dessinent autour du budget et de l’application de l’article 49.3. Marine Le Pen a établi plusieurs lignes rouges et accordé à Michel Barnier jusqu’au lundi 2 décembre pour répondre à ses exigences. Faute de quoi, les députés du RN censureront l’exécutif, affirme-t-elle.

L’augmentation de la taxe sur l’électricité

Le gouvernement espérait récupérer trois milliards d’euros grâce à une hausse de la taxe sur l’électricité, partiellement compensée par une baisse prévue des tarifs. Cette mesure a été rejetée par l’Assemblée lors de la première lecture et le Sénat s’y est opposé. Il s’agit de l’une des lignes rouges du RN. Après avoir tendu la main au RN en début de semaine, Michel Barnier a annoncé dans les colonnes du Figaro qu’il avait décidé de “ne pas augmenter les taxes sur l’électricité”, ce qui “permettra une baisse des prix de l’électricité de 14%”.

En réalité, comme l’explique La Tribune, le gouvernement proposera bien d’augmenter la taxe sur la consommation d’électricité dès l’année prochaine, la faisant passer de 21 euros par mégawattheure (MWh) à environ 30 euros par MWh, confirme-t-on dans l’entourage du Premier ministre. Ce niveau correspond à celui précédant la crise énergétique de 2021 et 2022, alors qu’une hausse jusqu’à 30 et 50 euros par MWh était initialement envisagée. Après cette concession relative, le RN demande des précisions sur le financement de ces concessions.

La hausse des retraites à moitié de l’inflation

Une autre proposition du gouvernement pour le budget 2025 constitue, selon Marine Le Pen, une ligne rouge : l’indexation des retraites sur l’inflation. Initialement, cette revalorisation n’était prévue qu’à partir du 1er juillet. Finalement, il y aura une augmentation des retraites à hauteur de la moitié de l’inflation dès le 1er janvier, suivie d’une deuxième moitié au 1er juillet uniquement pour les pensions inférieures au Smic. Un compromis annoncé par Laurent Wauquiez et qualifié d’inacceptable par Marine Le Pen.

Le porte-parole du RN, Julien Odoul, accuse Laurent Wauquiez et les Républicains de faire un tour de passe-passe après avoir obtenu du gouvernement une revalorisation de “toutes les retraites” en janvier. Interrogé à ce sujet sur TF1, Michel Barnier ne semble pas prêt à aller plus loin en direction du RN.

L’aide médicale d’État (AME)

Parmi les pistes d’économies que Marine Le Pen souhaite voir mises en œuvre, elle évoque des économies “claires sur l’immigration”, notamment en ciblant l’Aide médicale d’État. Avec un budget initial de 1,3 milliard d’euros, celui-ci a déjà été réduit de 200 millions d’euros en commission au Sénat. Le Premier ministre n’envisage pas de supprimer l’AME, qui permet aux personnes sans papiers de bénéficier de soins gratuits, mais envisage de réduire “sensiblement” les soins pris en charge.

Le “panier de soins” sera réduit, comme proposé dans un rapport récent de Patrick Stefanini et Claude Evin, pour éviter les abus et détournements. Cette réforme prévue pour “l’an prochain” va à l’encontre de l’avis de la ministre de la Santé, Geneviève Darrieusecq, qui avait déclaré qu’il n’était “pas question de toucher” à cette aide.

La politique migratoire

Concernant l’immigration, Jordan Bardella réclame un “serrement sérieux des lois migratoires et pénales”. Selon M6, lors d’un déplacement sur la côte nordiste, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, va annoncer des mesures pour renforcer la lutte contre les passeurs.

Le remboursement des médicaments

Dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), la ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, a indiqué que les taux de remboursement des médicaments par l’Assurance-maladie allaient diminuer de 5 % à partir du 1er janvier, sauf pour les médicaments pris en charge à 100 %. Cette atteinte au pouvoir d’achat des Français constitue une ligne rouge pour le RN, qui demande au Premier ministre de revenir sur cette décision.

Les dépenses de l’État

Marine Le Pen demande également des économies sur “le fonctionnement de l’État” en réduisant les “frais de fonctionnement” de plusieurs organismes. Michel Barnier a détaillé les efforts demandés : 4 milliards sur le fonctionnement des ministères et 2 milliards sur les agences de l’État. Il a aussi exhorté les anciens premiers ministres à faire preuve de plus de sobriété.

Justice fiscale accrue

Parmi les requêtes du RN figure une demande de justice fiscale renforcée dans le budget 2025, potentiellement par une taxation sur les rachats d’actions ou une augmentation de la taxe sur les transactions financières. Cela pourrait financer le renoncement à la hausse des taxes sur l’électricité, selon le RN. D’autres sujets ont été évoqués, tels que “l’augmentation de la contribution de la France à l’Union européenne”, “le malus automobile” ou encore “l’augmentation des frais de notaire”.

Charges sur les entrepreneurs et crainte fiscale

Le RN exige de ne pas alourdir les charges pesant sur les entrepreneurs, notamment les TPE et PME. Bien que 4 milliards d’aides destinées aux entreprises aient été initialement supprimés, seulement 2 milliards devraient finalement être supprimés. “Nous entendons les entreprises qui nous préviennent du coût du travail, et nous allons faire un effort”, a déclaré Michel Barnier sur TF1. Le RN soutient également un moratoire sur la création ou l’augmentation de nouveaux impôts et taxes.