Préparation à un Conflit Mondial Éventuel
Lorsque les dirigeants occidentaux se sont réunis à la Conférence de sécurité de Munich, les citoyens de l’OTAN ont été sensibilisés à l’éventualité d’un prochain conflit mondial entre grandes puissances. Une idée autrefois inimaginable, la possibilité d’une troisième guerre mondiale semble aujourd’hui plus proche que jamais.
Cependant, la Russie n’est plus perçue par la majorité des habitants des pays du G7 comme la plus grande menace. Ils considèrent plutôt que la migration massive provoquée par le changement climatique est la plus grande menace actuelle.
Contradiction avec les Avertissements des Leaders de l’OTAN
Cela contraste avec les récentes mises en garde des dirigeants de l’OTAN. L’amiral Rob Bauer, président du Comité militaire de l’OTAN et officier de plus haut rang de l’alliance, a averti que la Russie attaquerait l’Occident dans les deux prochaines décennies. Au Royaume-Uni, en Suède et en Allemagne, les dirigeants militaires et politiques discutent ouvertement de la possibilité de recruter des citoyens.
Pourtant, aucun n’a mentionné l’éléphant dans la pièce : le changement climatique constitue le foyer de crise le plus probable pour un conflit avec la Russie. Ainsi, les dirigeants occidentaux doivent enfin comprendre à quel point ce nouveau paysage de menaces est dangereusement interconnecté.
Impact du Changement Climatique sur les Conflits
Dans les deux prochaines décennies, alors que le changement climatique accélérera la diminution de la glace de mer dans l’Arctique, la probabilité d’une invasion russe pour contrôler la région – qui contient certaines des plus grandes ressources minérales et de combustibles fossiles inexploitées au monde – augmentera considérablement. Une telle invasion dans l’Arctique obligerait l’OTAN à agir et pourrait conduire à un conflit mondial plus vaste.
Bien que l’invasion russe de l’Ukraine ait compréhensiblement attiré l’attention, les dirigeants occidentaux devraient élargir leur analyse.
Ressources Naturelles et Stratégies Militaires
L’OTAN reconnaît depuis longtemps que le changement climatique est un « multiplicateur de menaces » pour les questions de sécurité traditionnelles. Plusieurs études de l’OTAN ont mis en garde contre le risque croissant d’une confrontation militaire dans l’Arctique, le climat changeant plus rapidement que prévu.
Avec les riches ressources naturelles de l’Arctique, sa position stratégique idéale et son énorme potentiel pour ouvrir de nouvelles routes commerciales maritimes, la Russie est fortement déterminée à contrôler la région. Le changement climatique exacerbé fait fondre davantage la glace arctique, ouvrant ainsi de nouveaux passages maritimes et des opportunités d’exploration et d’exploitation des ressources, permettant ainsi à la Russie d’accroître son empreinte militaire régionale et son influence géopolitique.
Richesses de l’Arctique et Ambitions Russes
On estime que l’Arctique russe abrite jusqu’à 95% des réserves de gaz et 60% des réserves de pétrole de la Russie, encore inexplorées. Il n’est donc pas surprenant que Poutine considère la domination russe de l’Arctique comme cruciale pour sa survie économique au cours des 30 prochaines années. Étant donné que de nombreuses ressources de l’Arctique sont également revendiquées par d’autres puissances de l’OTAN, toute opération militaire à grande échelle de la Russie visant à conquérir l’Arctique pourrait déclencher une lutte pour la suprématie territoriale, entraînant une confrontation sans précédent avec l’OTAN.
Interconnexion des Menaces
C’est pourquoi le public et les dirigeants occidentaux se trompent : les menaces posées par la Russie et le changement climatique ne s’excluent pas mutuellement, mais se renforcent mutuellement. Pour réduire le risque d’un tel conflit avec la Russie, les États de l’OTAN devraient donner la priorité à la protection du climat.
Montrer que les forces combinées de l’OTAN sont prêtes et disposées à repousser les forces russes dans une guerre terrestre prolongée sera une dissuasion cruciale. Mais les gouvernements occidentaux doivent comprendre qu’ils doivent se concentrer sur la prévention. Cela signifie qu’ils doivent maintenant entreprendre une mobilisation semblable à la guerre pour combattre le changement climatique.
Engagements de l’OTAN face au Changement Climatique
L’OTAN a désigné le changement climatique comme l’un des plus grands défis de notre époque et s’est engagée à devenir l’organisation internationale de premier plan en matière de climat et de sécurité. Cependant, après l’accord climatique révolutionnaire de la COP28 pour s’éloigner des combustibles fossiles, le « consensus des Émirats arabes unis », l’OTAN doit accroître ses objectifs climatiques de manière appropriée pour éviter les pires risques climatiques.
Comme l’a déclaré le président de la COP28, Sultan Al Jaber, également présent à la conférence de Munich cette année, après le sommet climatique de l’ONU : « Un accord n’est valable que s’il est mis en œuvre… Nous devons prendre les mesures nécessaires pour transformer cet accord en actions concrètes ».
Nécessité d’Objectifs Clairs
Après Munich, les gouvernements occidentaux devraient examiner la nécessité pour les armées de l’OTAN de s’engager envers des objectifs climatiques contraignants, y compris le jalon de la COP28 de tripler les énergies renouvelables d’ici 2030. L’intégration des objectifs de la COP28 dans le plan d’action climatique de l’OTAN sera un succès retentissant, car le travail acharné des négociations a déjà été accompli lors du sommet climatique de l’ONU l’année dernière.
Étant donné que les États membres de l’OTAN font déjà partie des 198 pays qui ont signé les engagements de la COP28, la prochaine étape pour les dirigeants de l’OTAN est de transformer les engagements en actions concrètes.
Conséquences d’une Inaction
Car si l’OTAN ne réagit pas avec l’urgence nécessaire face à l’urgence climatique, non seulement un conflit mondial catastrophique avec la Russie pourrait nous menacer, mais aussi une planète potentiellement inhabitable où personne ne serait en sécurité.
Dr. Maurizio Geri est un ancien analyste pour la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) au Commandement de la transformation alliée de l’OTAN aux États-Unis, au Centre sud de l’OTAN en Italie et au quartier général de l’OTAN en Belgique. Il est actuellement assistant au Centre de recherche et d’expériences maritimes de l’OTAN à La Spezia, en Italie.